Journal de la 69ème session de la Commission sur le statut des femmes. CSW New York mars 2025
par Tess, de Femina Europa
Introduction
Du 10 au 21 mars 2025, une délégation de Femina Europa a participé à la 69e session de la
Commission on the Status of Women (CSW) organisée par les Nations Unies à New York.
Assister à cette réunion incontournable autour des droits des femmes a été une expérience marquante,
qui m’a laissée à la fois inspirée et réfléchie. Dans ce discours mondial, bien que je voie le potentiel
énorme pour un changement positif, je vois aussi les lacunes qui existent encore dans les
conversations à impact, des occasions manquées d’aborder les problèmes les plus urgents et
fondamentaux affectant les femmes. En tant que jeune mère venant accompagnée de son bébé âgé
de 5 mois et demi, cette prise de conscience a pris une dimension personnelle : le combat pour
protéger mon fils de certaines dérives progressives est réel.
La conciliation entre mon rôle de mère et la mission confiée par Femina Europa,
exemple de l’équilibre à trouver entre une maternité et une vie professionnelle
épanouies.
Pour la première fois, j’ai eu l’opportunité de participer à cet événement majeur, un cadre
d’échanges international où des sujets vitaux pour les femmes sont abordés. Cependant,
l’expérience a pris une tournure unique, car j’ai dû concilier des responsabilités professionnelles et
ma maternité. Passer mes journées au siège des Nations Unies tout en m’occupant d’un bébé a été
un défi de patience, de logistique, de flexibilité. Les journées étaient longues et intenses, et il n’a
pas toujours été facile de trouver un équilibre entre l’engagement que j’avais pris vis à vis de
Femina Europa et les besoins de mon enfant.
Toutefois, cette expérience a renforcé ma conviction que le libre choix des femmes, notamment
en ce qui concerne l’harmonisation de leur vie professionnelle et familiale, est un principe
essentiel à défendre. La possibilité de participer à des débats internationaux tout en ayant la possibilité de
m’occuper de mon bébé m’a donné une perspective encore plus forte sur l’importance de la
reconnaissance du travail invisible des femmes, exercé dans l’économie formelle ou informelle.
Les Nations Unies ont mis en place certains aménagements pour les parents, notamment des salles
privées décorées avec soin et dans une ambiance très paisible favorisant l’allaitement et le bien-être
du bébé avec une table à langer et des produits mis à disposition. Il n’en demeure pas moins que
jongler avec les exigences d’un bébé de cet âge, entre tétées, siestes et changements de couches,
tout en étant pleinement présente dans les échanges et les réunions, a été un défi. Cette
expérience m’a fait prendre conscience des obstacles auxquels de nombreuses femmes,
souvent dans des contextes moins favorisés, sont confrontées pour participer pleinement
à la vie publique et professionnelle.
J’ai trouvé un soutien précieux au sein de la communauté internationale. Un public accueillant et
souriant m’a permis de vivre cette expérience de manière professionnelle et humaine. La majorité
des participants à la CSW étaient enthousiastes à la vue d’un bébé, ce qui m’a permis de lancer des
conversations passionnantes dans les couloirs où, avouons-le, j’ai passé beaucoup de temps !
Ces échanges ont été l’occasion pour moi de défendre par la force du témoignage les valeurs de
Femina Europa, en particulier la complémentarité réciproque entre les hommes et les femmes, tout
en réaffirmant que la liberté de choix et le respect de l’identité des femmes passent aussi par un
soutien réel à la maternité et à l’épanouissement familial.
Les couloirs des Nations Unies, un lieu de rencontre épatant
Les couloirs des Nations Unies sont un lieu fascinant de rencontre, et parfois de franche complicité.
Parfois, dans certaines salles, je ne pouvais pas entrer avec mon bébé, même endormi, car les
échanges étaient enregistrés pour la télévision. Et à d’autres moments, alors que c’était permis
dans d’autres salles, le petit était éveillé et trop dynamique pour garantir une concentration
optimale pour les autres participants. Par respect pour les règles et le confort des autres, j’ai souvent
choisi de me promener dans les couloirs du siège des Nations Unies, portant mon petit en porte-bébé,
jusqu’à tomber par hasard dans le jardin paisible des diplomates, un endroit merveilleux qui longe
l’East River. Un charmant monsieur, avec un badge magique, m’a ouvert la porte et m’a permis de
découvrir cet espace caché. J’ai appris plus tard qu’il s’agissait du Chief of Staff, qui, tel un ange
gardien, est intervenu pour rendre mon séjour plus agréable. Ces moments de calme, au milieu de
l’agitation diplomatique, m’ont offert une perspective plus profonde sur les défis auxquels de
nombreuses femmes font face pour participer aux espaces de décision. J’ai eu la chance de
rencontrer des femmes des quatre coins du monde, et certaines m’ont dit ressentir une tension
douce-amère face au discours conventionnel qui semblait déconnecté des besoins réels et urgents
de millions de femmes à travers le monde — en particulier celles vivant dans la pauvreté ou dans
des situations vulnérables. L’une d’entre elle, venant d’une région pauvre de Colombie, me disait
avoir été témoin de la force et de la résilience de femmes qui affrontaient des adversités quotidiennes
pour subvenir aux besoins de leurs familles, souvent sans soutien, et trop souvent face à des abus et
à l’inégalité systémique. Une autre, originaire du nord du Brésil et arborant avec fierté la tenue de
sa tribu autochtone, m’a tenu le même discours empreint de mélancolie. Une autre, venant du
Nigeria, en sortant d’une conférence organisée par ERA Coalition & Equality Now sur la thématique
The Equal Rights Amendment, Driving US Action on the Beijing Platform for Action me dit en
poussant un soupir exaspéré ‘we really don’t have the same issues’ (« nous n’avons vraiment pas les
mêmes problèmes »). Elle me détailla alors le travail de son association, qui travaille avec des
survivantes de violences sexuelles, des jeunes femmes et parfois des toutes jeunes filles, victimes
de mythes urbains (exemple : la guérison d’une MST si on viole une vierge) en les autonomisant
grâce à des compétences de gestion de la vie à travers l’éducation à la sexualité complète, afin
qu’elles puissent prendre en main leur vie professionnelle, en passant par un choix éclairé sur
leur santé sexuelle et reproductive.
Progrès vs priorités : des sujets essentiels oubliés
La CSW est sans doute la plateforme multilatérale la plus importante pour faire avancer les droits et
le statut des femmes à l’échelle mondiale. Pourtant, des thèmes semblaient dominer l’agenda au
détriment d’autres sujets tout aussi cruciaux. Une grande partie de la programmation était centrée
sur l’avortement, l’autonomie sexuelle, et la promotion de l’idéologie du gender. Mais qu’en est-il
de la lutte contre la violence à l’égard des femmes de manière plus concrète ? Qu’en est-il de
l’autonomisation des femmes dans leurs communautés locales, ou de l’éducation et de la protection
des enfants ?
Où sont les discussions sur la valorisation de la maternité, non pas comme une
limitation, mais comme un aspect fondamental de l’identité féminine, qui peut coexister avec
l’ambition et le leadership ?
L’incident de la Scandinavian House
“Religious rights and resistance: how to regain gender equality” / « Droits religieux et résistance :
comment regagner l’égalité des sexes » un événement organisé à la Maison Scandinave par l’ACT
Alliance avec le Mexique, la Suède, le Canada et le FNUAP, mercredi 13 mars à 10h30.
Il était utile pour C-Fam qu’un volontaire, dont je faisais partie, y assiste pour prendre des notes.
En arrivant, j’inscris mon nom à la liste d’attente placée à l’entrée, les membres de l’organisation
nous informant que la salle est pleine et que nous pourrions rentrer en fonction des places vacantes.
Il y a plus d’une trentaine de personnes, je reconnais certains visages d’ONG pro-life.
Mon bébé commençant à se réveiller gentiment dans sa poussette, je me place sur le côté pour
éviter d’être bousculée et lui donner un peu d’air. Un membre du personnel de la Maison Scandinave
me propose de me conduire directement à la salle de conférence. N’ayant vu aucun panneau
d’indication, je suis heureuse d’être guidée ; nous montons au 2e étage, où se tient la réunion.
À ma grande surprise, les participants sont déjà bien installés. Voyant les restes d’un copieux buffet
de petit-déjeuner, je suppose qu’ils sont arrivés bien avant l’heure officielle du début de la
conférence, prévue à 10h30. La conférence n’a pas encore commencé. Je m’installe au dernier rang
pour ne pas perturber l’audience. Le photographe me demande si j’accepte qu’il prenne une photo
de moi avec mon bébé. J’accepte, à condition qu’il me l’envoie par e-mail, et lui donne ma carte de
visite. Étant donné qu’un tiers des places sont vides, je m’attends à ce que ceux qui sont restés en
bas, car sur liste d’attente, nous rejoignent bientôt. J’allaite discrètement le bébé qui a réclamé avec
des gazouillis joyeux.
Les intervenants arrivent, dont le Dr Rachel Tavernor de l’ACT, et Paulina Brandberg, ministre de
l‘Égalité des genres et de la Vie professionnelle en Suède.
La conférence est déjà entamée depuis environ dix minutes, et cela fait environ vingt minutes que je
suis dans la salle, lorsqu’un membre du personnel qui tenait la liste d’attente arrive et me « repère ».
Il me fixe d’abord du regard, puis se dirige rapidement vers moi, m’informe que je n’ai pas
l’autorisation d’être là et me demande de quitter la salle. “You are not one of us. This is a security
breach, you have to leave immediately” (« Vous n’êtes pas l’une des nôtres. C’est une violation de
la sécurité, vous devez partir immédiatement. ») Je lui signale le nombre de sièges vacants, que
j’étais effectivement sur la liste d’attente, qu’un autre membre du personnel est venu me chercher
pour me guider, et que je ne dérange personne en restant assise tranquillement à écouter la
conférence.
Il commence à perdre patience, prend la poussette et se dirige vers la sortie. Ne voulant pas créer de
scène, surtout avec le bébé dans mes bras, je n’insiste pas et préfère partir calmement. M’escortant
alors jusqu’à l’ascenseur, il nous renvoie au hall d’entrée. Rapidement la nouvelle circule, et par la
suite, plusieurs militants d’organisations non gouvernementales pro-life telles que United Families,
C-Fam, Campaign Life Coalition et International Youth Coalition, m’ont demandé de partager mon
témoignage aux fins de l’utiliser comme outil de communication.
L’idéologie du genre : un débat qui divise
L’idéologie du genre a suscité de vives discussions lors de la CSW. Personnellement, je pense que
les politiques liées à l’idéologie du genre peuvent empiéter sur les droits des femmes, fragiliser la
stabilité sociale et les repères traditionnels, exposer les enfants à une souffrance psychologique liée
à la confusion sur leur propre identité. Selon moi, le sujet ne devrait même être abordé pendant la
CSW.
La CSW a pour objectif de traiter des défis concrets auxquels les femmes font face à l’échelle
mondiale : la violence domestique, les inégalités économiques, l’accès à l’éducation et à la santé, et
la lutte contre les discriminations. Ces questions ont un impact direct et immédiat sur la vie des
femmes dans le monde entier. En se concentrant sur des débats théoriques sur le genre, la
Commission risque de détourner l’attention de ces priorités urgentes. Mon point de vue est que la
priorité doit être donnée aux problématiques concrètes des femmes, telles que la violence
domestique, les inégalités économiques, et l’accès à l’éducation et à la santé. Si l’on se concentre
sur des débats théoriques sur le genre, on risque de détourner l’attention de ces priorités urgentes.
De plus, il est essentiel de prendre en compte la réalité biologique du sexe. Les discussions basées
sur une construction sociale fluide peuvent rendre floues des questions essentielles, notamment
concernant la sécurité des femmes dans des espaces séparés par sexe. Il me paraît crucial que la
CSW continue à défendre les droits des femmes en tenant compte de leur expérience unique en tant
que femmes biologiques.
L’espoir dans la nouvelle génération
Voici la réflexion de Daniela Garcia Villerga, directrice de l’International Youth Coalition et
chargée de campagne médiatique mondiale chez Citizen Go : « Malgré mes préoccupations, la CSW
de cette année m’a redonné espoir. J’ai été profondément encouragée de voir de jeunes femmes
comme Tess et Camila assister à une réunion aussi cruciale avec leurs enfants à leurs côtés. Leur
présence était une déclaration visuelle puissante : les femmes peuvent être présentes dans les
espaces de décision politique tout en embrassant activement la maternité. J’ai également été
inspirée par le nombre croissant de jeunes bénévoles qui défendent la vie, la famille et une vision de
la féminité à la fois émancipatrice et enracinée dans des valeurs durables. »
Conclusion
Il est crucial que la CSW continue à se concentrer sur des solutions tangibles et sur la
reconnaissance des droits des femmes dans leur diversité biologique et sociale, sans diluer ces
objectifs par des débats théoriques sur le genre. Le temps que j’ai passé aux Nations Unies à assister
aux conférences, l’incident à la Scandinavian House, et les rencontres de couloirs avec des
représentants d’autres ONG, m’ont fait prendre conscience de l’importance de participer à ce débat
mondial, et du travail qu’il reste à accomplir. Pour construire un avenir qui élève véritablement
toutes les femmes, pour protéger les valeurs traditionnelles de la famille, pour garantir une
éducation raisonnée et raisonnable de nos enfants, il nous faut élargir le champ de nos
conversations, amplifier les voix et veiller à ce que notre plaidoyer reflète les réalités vécues par
tous les coins du monde. Une action à considérer pour Femina Europa lors de CSW 2026, date
anniversaire des 70 ans d’existence de la CSW : participer à la CSWF, Conference on the State ofWomen and Family,
lancée à l’initiative de Wendy Wixom, présidente de United Families
Internationale en participant à l’organisation d’une conférence.