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Comprendre le déclin démographique 

Colloque « Etats Généraux de la natalité »

 

En France la population vieillit et un tiers des femmes ne veulent pas d’enfants.  Si la tendance de prolonge, en 2045 Le nombre des décès sera supérieur à celui des naissances ! Ce déclin se fait sentir dans toute l’Europe et nous amène à réfléchir sur les causes profondes d’une dépression qui n’est pas seulement démographique.

 

Le pape François a ouvert les « Etats généraux de la natalité » en Mai en Italie et en Octobre Femina Europa était au colloque européen organisé à Paris par les AFC (Associations Familiales Catholiques) et la  FAFCE (Fédération des Associations catholiques Familiales en Europe) réunissant démographes, philosophes, citoyens et décideurs économiques pour réfléchir à ces enjeux et aux réponses à apporter.

 

Lien entre déclin démographique et déclin économique

 

Gérard François Dumont, géographe, économiste et démographe, professeur à Sorbonne Université, a rappelé qu’aucune économie ne se développe dans la stagnation démographique. La famille, c’est du capital et de l’enrichissement. La fécondité française s’est effondrée en parallèle avec la détérioration des politiques familiales, c’est à dire d’accompagnement des naissances dans la stabilité.

 

La politique familiale est devenue sociale et ne tient plus dans la durée.

 

Ce que confirme Jean Didier Lecaillon, économiste, de l’université Panthéon-Assas, pour qui la « liberté de choix est sous contrainte ». Selon l’étude de l’UNAF, les obstacles à la natalité d’ordre économiques et sociaux  sont : d’abord le logement, puis la stabilité du couple et enfin celle du travail…

 

« Tout s’est effondré dans mon pays, » l’Italie, témoigne Gianluigi De Palo, président du Forum des Associations familiales ; « le PIB, le système de santé, les retraites, la natalité… Il n’y a pas de crèches en Italie, car il n’y a pas d’enfants… car il n’y a pas de crèches… ! »

 

Une bonne nouvelle par contre chez nos amis de Tchéquie : le ministre du travail Marian Jurecka explique qu’en changeant ses priorités, en créant un environnement favorable à la famille : fiscalité, heures de travail des mères, crèches- pour une croissance à long terme du capital humain, la Tchéquie depuis 15 ans, est passée de 1,4 à 1,8 enfants. «  La France et la Suède ne sont plus un modèle pour nous ».

 

Pour Vincenzo Bassi président de la FAFCE, les familles contribuent au bien commun. Tant que les impôts ne reposeront pas sur une base familiale la famille ne sera pas considérée. Et, il ne s’agit pas de privilège, mais de justice fiscale. Un quotient familial pourrait aussi être pris en compte pour la retraite.

 

Plusieurs intervenants insistent sur la reconnaissance de la production familiale par la prise en charge du travail non salarié valorisé et rémunéré dans l’économie nationale.

Philippe de Roux, entrepreneur social, du mouvement Refondation travaille à créer un monde de l’entreprise avec la famille au centre des décisions stratégiques, car elle en est un des chainons indispensables.

 

Il est nécessaire de faire évoluer les mentalités et que les  mesures de soutien aux familles dans leur désir d’enfants ne soient pas seulement techniques mais culturelles.

 

Une culture de la vie pour un développement durable

 

Madeleine Wallin, de la Fédération des femmes et hommes européens actifs en famille, FEFAF, insiste sur cet aspect culturel : en Suède c’est le travail de la femme qui freine les naissances.  Elle parle de « lavage de cerveau » qui pousse les femmes à faire carrière, ce qu’elles ne souhaitent pas forcément. Elle plaide à travers le monde pour la recherche d’un équilibre entre vie de famille et vie professionnelle en rappelant la nécessité de la construction des liens familiaux dès les premières années de la vie.

 

Mais il est aussi besoin de faire une narration plus belle de la famille, comme l’espérance d’un peuple, et non de ne parler que de fatigue des parents…

 

Fabrice Hadjaj, écrivain et philosophe, directeur de l’Institut Philanthropos, a appelé les participants à voir plus loin, en spécifiant que le rôle des associations catholiques était essentiel. Nous donnons ci-dessous quelques éléments de sa brillante présentation que vous pourrez retrouver sur Youtube.

 

La famille est d’abord l’histoire singulière d’un homme et d’une femme. Elle se construit dans le temps, la patience et la présence, la dispersion étant une cause de la destruction de la famille. La technologie nous accapare et nous retire la possibilité de poser des actes libres.

 

Le développement durable est à la jonction entre écologie et économie : mais un rapport technologique au monde, saturé de statistiques globales, induit des conclusions comportementales étranges comme la réduction de la natalité dans des pays qui souffrent de décroissance démographique.

 

Les familles nombreuses sont critiquées mais les individus esseulés qui trompent leur ennui par la consommation, ont une empreinte carbone supérieure aux familles ! Les individus fragmentés par la technologie sont «atomisés» alors que la famille requiert présence et échanges.

 

Nous devons repenser la politique familiale en fonction de la conception postmoderne : à l’origine l’économie était familiale et si l’économie est devenue politique c’est à cause d’une conception postmoderne de la famille induite par la révolution industrielle. La famille est vue maintenant comme l’addition de deux consommateurs salariés*.

 

Il faut donc repenser le sens de la famille comme lieu de production et de transmission de la culture, du savoir faire, et apporter ainsi une réponse à l’effondrement du progressisme. Car la faillite de la promesse d’une vie toujours meilleure a entraîné un changement de mentalité. C’est l’heure de l’anxiété, de l’amertume et du ressentiment.

 

La vraie question est donc la fécondité. Pourquoi transmettre la vie ? La fécondité est au delà de la natalité ou du natalisme, elle est volonté d’accueillir la vie et de la donner, pour mettre au monde des êtres pour le Royaume, et cela suppose un changement de narratif, cela suppose qu’on réinsuffle une espérance, un émerveillement même,  dans ce monde. Parce que la vie n’a pas de sens si elle se réduit à la survie.

 

La famille n’est pas le lieu du confort, elle est tragique dans le sens grec du terme, c’est le lieu du drame, le lieu de la vie et du don de la vie. La vie est un combat que nous menons avec les armes de l’espérance et du pardon. Et si nous cherchons ce qui est durable et fécond, ce qui est « sustainable », choisissons la Croix qui demeure tandis que le monde tourne. « Stat crux dum volvitur orbis » (devise des Chartreux).

 

*Addendum : Nous, Femina Europa, confirmons comme nous sommes souvent scandalisées par les déclarations au Parlement européen telles que «mettre toutes les femmes sur le marché du travail » dans le seul but d’augmenter les recettes fiscales des Etats,  les femmes au foyer étant des « femmes entretenues » et le travail domestique et d’éducation des enfants sans valeur pour la société.

 

 

 

 

 

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