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Entretien avec Ana Cristina Villa Betancourt, du Conseil Pontifical pour les laïcs.

 

Interview d’Ana Cristina Villa Betancourt du Conseil Pontifical pour les laïcs, par Anne Girault, présidente de Femina Europa.

Question : Ana Cristina, Vous êtes colombienne, et appartenez à la Fraternité Mariale de la Réconciliation. Vous avez étudié la philosophie et la théologie à l’Université Pontificale Grégorienne de Rome. Vous êtes responsable de la section Femme du Conseil Pontifical pour les Laïcs, dirigé par le cardinal Rylko. Pouvez-vous nous parler de votre travail au Vatican ?

Ana Cristina Villa Betancourt : Mon travail se situe dans le cadre de la pastorale.  Je travaille avec les femmes, au nom du Saint Père. Comme vous savez, le ministère du Saint-Père est si étendu qu’il existe au Vatican plusieurs dicastères dédiés à différents thèmes ou différents groupes de personnes. Après le concile Vatican II, et la prise de conscience de l’importance de la participation à part entière des laïcs à la mission de l’Eglise, une des mesures concrètes a été de créer ce bureau qui n’existait pas auparavant, dédié au suivi du travail pastoral pour les laïcs. C’est un domaine très vast

e: les laïcs sont majoritaires dans l’Eglise, tous les baptisés ne sont pas évêques, membres du clergé ou religieux. Nous sommes répartis en différentes sections pour une meilleure efficacité.

Nous avons quatre sections d’activités et de suivi pastoral dans notre dicastère :

La section des jeunes, qui se consacre particulièrement à l’organisation des journées mondiales de la jeunesse et à la pastorale des jeunes dans le monde, la section des associations et mouvements de laïcs, la section Église et sport. La quatrième avec laquelle je travaille principalement est la section des femmes, ouverte dans les années soixante-dix, qui s’intéresse à tous les changements dans la vie des femmes et essaye de lire et suivre avec les yeux de la Foi de l’Eglise les changements sociaux et culturels, au nom du Saint-Siège. Cela permet au Saint-Siège de connaître ce qui se joue, et d’avoir des contacts particuliers avec des associations de femmes, c’est pour cela que c’est important que nous soyons présents ici à Fatima pour l’Assemblée Générale de l’Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques.

Question: Vous avez donné une présentation très intéressante dans laquelle vous avez évoqué le lien de l’UMOFC avec le Saint Siège. L’UMOFC rassemble des femmes catholiques de 62 pays, cinq millions de femmes dans le monde, et sans doute plus, et cette organisation existe depuis plus de cent ans. Vous nous avez parlé du message du pape François et de la joie de l’Evangile, pourriez vous nous résumer votre intervention?

Ana Cristina Villa Betancourt: Oui, ce qui m’a frappée à travers  les années, en apprenant à connaître  l’UMOFC, c’est son histoire étonnante. Il y a cent quatre ans, un groupe de femmes décidaient de créer un réseau mondial d’organisations féminines et pour moi c’est étonnant car à notre époque, cela ne serait pas surprenant, mais il y a 100 ans, c’était une vision prophétique !  Ces femmes ont compris combien il était important de se regrouper pour rassembler ses efforts et être comme un seul corps de femmes catholiques dans le monde. Cette union a commencé avec quelques européennes, puis des américaines du nord, puis leur nombre s’est accru petit à petit. Maintenant il y a donc 62 pays, on a atteint l’universalité.

C’est un instrument très puissant dont la force est à double sens : d’un côté être un réseau mondial renforce les associations locales et donne aux femmes la conscience qu’elles ne sont pas seules dans leur pays avec leurs défis mais qu’elles appartiennent à l’Eglise, elles font  l’expérience de l’Eglise universelle, et en même temps c’est une force pour l’Eglise que les femmes aient une voix en commun, un endroit où elles puissent s’organiser, se rassembler et avoir la possibilité de débattre de leurs problèmes, de résoudre les défis ensemble. C’est très important que cette union existe. C’est une bénédiction, et on ne peut qu’espérer voir le réseau s’élargir au fur et à mesure des années. C’est beau de voir comment elles recherchent les priorités comme la protection de la famille, la jeunesse, comme elles sont très désireuses d’atteindre les jeunes.

On attend beaucoup de cette assemblée 2014, on va voir comment cette organisation continue à grandir. Pour le Saint-Siège,  c’est un trésor d’avoir cette union mondiale de femmes catholiques, on veut vraiment la soutenir et l’encourager.

J’ai oublié de parler de l’exhortation apostolique ! (rires)

A propos de l’exhortation apostolique « La joie de l’Evangile »  chacun doit la lire, car c’est une forte invitation à une conversion missionnaire. Pour les catholiques, être conscients de cette identité chrétienne et de la joie qu’on ne peut garder pour soi, mais dont on doit être les témoins dans le monde, c’est la chose principale que des femmes catholiques peuvent partager. C’était très important pour moi de partager cela à cette assemblée, c’est la chose principale que nous devons partager avec le monde en tant que femmes catholiques, la foi en Jésus Christ reçue comme un cadeau, mais qui n’est pas à garder pour nous mais à donner au monde là où nous sommes appelées, parfois dans l’arène publique. Beaucoup de femmes ici sont impliquées dans des projets publics, dans les grands changements de la société, mais elles ne font pas cela par intérêt juste humanitaire, mais par un intérêt humanitaire né de leur foi profonde et leur amour en Jésus Christ. Et le fait que Jésus ait rencontré chaque personne  les a impliquées  dans la transformation de la réalité. Cela donne une autre dimension.

Question : J’ai en effet remarqué dans l’histoire de l’Union Mondiale des Organisations Catholiques Féminines que ces femmes avaient participé à la déclaration des droits de l’homme, elles avaient  demandé l’article sur l’éducation et sur le droit des parents à l’éducation des enfants. Nous sommes françaises, venues à neuf personnes de notre délégation d’une jeune association française, Femina Europa, et nous avons pensé qu’en tant que françaises, nous avons une mission, car la France est la fille aînée de l’Eglise, elle a été baptisée en tant que nation  catholique, la première  dans le monde, elle est aussi considérée comme la patrie des droits de l’homme. Nous pensons que nous avons encore des choses à dire, en tant que françaises et en tant que femmes. Qu’est ce que la femme catholique peut dire au monde aujourd’hui, par rapport aux problèmes actuels, quelle est notre valeur ajoutée?

Ana Cristina Villa Betancourt : C’est très beau cette vocation de l’union des organisations féminines concernant leur lien avec les droits de l’homme. Je crois vraiment que notre foi nous donne quelque chose de plus. Je pense à une phrase de Paul VI qui vient juste d’être béatifié: une « passion pour l’humanité », qui vient du fait que l’on croit que Dieu a assumé l’humanité. La grande dignité que nous avons vient évidemment du fait que nous soyons créés à l’image de Dieu, mais aussi que Dieu Lui-même a pensé que  l’humanité avait tellement de valeur, qu’il a assumé Lui-même notre humanité. Et cette passion pour l’humanité doit caractériser les femmes catholiques, les femmes impliquées dans un domaine public, ou dans la défense des droits de l’homme.

Nous voyons de nouvelles violations des droits de l’homme qui n’étaient pas visibles quand la déclaration a été écrite. Le paradoxe, c’est que beaucoup de violations de ces droits de l’homme sont faites au nom de ces droits. Nous faisons face à de nouveaux défis. Les femmes catholiques ont un regard particulier : elles voient clairement ce qu’il y a derrière ces réclamations de droits qui ne sont pas des vrais droits. Elles font la distinction entre ce qui est un vrai droit ou ce qui est juste un désir, un souhait qui est réclamé au nom d’un droit, mais qui n’en est pas, par exemple le droit à un enfant à tout prix, ou le droit à être un être humain différent de ce que vous êtes biologiquement.  Ces droits ne sont pas ceux que nos pères avaient en tête, en écrivant la déclaration il y a soixante ans. Notre foi nous donne cette clarté, et, en même temps, elle doit nous donner de la sympathie et de la compassion  pour celui qui réclame ces soi-disant droits, c’est un équilibre difficile à avoir parfois. On doit être présent et très clair, mais en même temps on ne peut pas être trop dur ou arrogant, on doit trouver un équilibre. Je crois que notre présence dans ces forums est aussi très importante. Pour moi c’est toujours une grande joie, une espérance et une consolation quand je vois des gens qui veulent s’engager dans ce travail, je crois que l’histoire nous montrera combien ce travail est important, même si  parfois on croit que la bataille est perdue, mais elle ne l’est pas grâce à la raison humaine, au bon sens qui est derrière. C’est important d’être là et de rappeler l’humanité à la raison.

Merci Ana Cristina. Nous sommes à Fatima, où la Vierge est apparue à trois enfants en 1917. Marie nous a livré un message de confiance et en même temps nous a alertés sur les dangers que court le monde. Nous sommes ici pour prier ensemble et nous mettre sous le manteau de la Sainte Vierge. Nous vous remercions beaucoup de votre venue et de votre témoignage.

 

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