Défense de la vie et de la famille, ou les chemins de la Pro vie-dence.
LE CONGRES MONDIAL DES FAMILLES DE CARACAS (1985) A VERONE (2019):
UN SUCCES QUI NE SE DEMENT PAS.
La genèse du Congrès Mondial des Familles
LILIANE STEVENSON, vous venez de participer au Congrès Mondial des Familles XIII qui a eu lieu à Vérone, du 29 au 31 mars 2019, avec plus d’un millier d’experts, politiques et d’ONG de tous les continents, vous êtes l’une des pionnières de ces rassemblements pour le mariage et la vie,comment s’est faite la prise de conscience chez les catholiques de la nécessité de ces rendez-vous ?
Effectivement, j’ai eu le privilège d’assister aux tous premiers rassemblements. L’idée est née, au départ, suite à la publication de l’Encyclique Humanae Vitae de Paul VI (1968). Comme vous le savez, cet enseignement a été accueilli avec beaucoup d’hostilité de la part d’une partie de l’Église et, on peut dire, un grand désarroi de la part des fidèles catholiques désireux de vivre la « paternité responsable ».
De manière tout à fait providentielle, c’est à ce moment que Mercedes Wilson, déléguée du Vatican au près des Nations Unies, a fait la connaissance des Drs. John et Evelyn Billings qui avaient mis au point la Méthode d’Ovulation dite « Méthode Billings » qui permet à la femme de suivre avec précision son cycle menstruel et donc aux couples de choisir le moment le plus favorable pour avoir un bébé ou non.
Mercedes a tout de suite aperçu l’importance de la méthode pour favoriser des familles stables et épanouies. Elle en a parlé directement au Pape Jean Paul II, qui lui a demandé de faire connaître au plus grand nombre cette méthode et tous ses avantages pour le couple, la famille, et le respect de la vie (à un moment où l’avortement était sur le point de devenir légal dans de nombreux pays).
Jean-Paul II a fait confiance à des femmes laïques ?
Et les femmes ne l’ont pas déçu ! Mercedes était liée avec une française, épouse de l’Ambassadeur vénézuélien au Vatican, Christine de Marcellus Vollmer, ardente défenseur de la vie à naître, qui a eu l’idée d’organiser des congrès pour diffuser les méthodes naturelles au grand public. Elle a testé le concept des rencontres en Amérique latine, puis devant le succès, elle a organisé un premier congrès international, à Caracas en 1985. Ensuite, elle a voulu faire un grand Congrès en France, sa terre natale, dont elle connaissait le rôle prééminent à la fois spirituel, intellectuel et culturel dans le monde.
Vous voulez parler du Congrès pour la Famille qui a eu lieu à Paris ?
Oui, ce Congrès a eu lieu du 11 au 16 septembre 1986 ; c’était le 9e Congrès international de la Famille, sous le titre « La Fécondité de l’Amour ». Un aréopage impressionnant d’intervenants : scientifiques, universitaires, théologiens … sont venus des quatre coins du monde : Mère Teresa de Calcutta, Jean Vanier, Jérôme Lejeune, Viktor Frankl, Mgr Caffara, Julien Simon, Pierre Chaunu, Daniel Ange, Bernard Nathanson, qui a apporté son film « The silent scream » (le cri silencieux ), Docteur Wanda Poltawska, l’amie d’enfance de JPII, Aline Lizotte, un évêque guinéen, un philosophe iranien …. je ne peux les citer tous. Ce fut le premier grand rassemblement pour la famille dans le monde et la première fois que tous les courants pro-famille et pro-vie, de toutes les confessions, se réunissaient sous une même bannière. Le succès a été énorme (plus de 5000 personnes dans le Palais des Congrès à Paris) et cela a eu un grand retentissement dans les média, dans les familles, et dans l’Eglise. Le mouvement était lancé. Les années suivantes, les organisateurs ont poursuivi en organisant des congrès un peu partout en Europe : à Brussels, Prague, Amsterdam…ainsi que des congrès régionaux (Lille, Lyon…)
Où en est-on maintenant ?
A l’heure actuelle, une équipe de personnes ayant travaillé avec Mme Vollmer a fondé l’Organisation internationale pour la famille (IOF), dédiée à réunir et outiller les leaders du monde entier pour promouvoir la famille naturelle. IOF accomplit sa mission, entre autres, à travers de grands événements publics internationaux (les World Congress of Families ou WCF) afin d’affirmer, de célébrer et de défendre la famille naturelle en tant que seule unité fondamentale et durable de la société (cf l’article 16c de la Déclaration universelle des droits de l’homme, « La famille est le groupe naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’État ») sous la houlette de Allan C. Carlson (Secrétaire International) et Brian Brown (Président).
Le Congrès mondial des familles est le plus grand rassemblement annuel de leaders pro-familles du monde entier. La WCF a tenu ses principales conférences à Prague (1997), Genève (1999), Mexico (2004), Varsovie. (2007), Amsterdam (2009), Madrid (2012), Sydney (2013), Budapest (2017), Moldavie (2018) et Vérone (2019).
Que sont devenues Mesdames Mercedes Wilson et Christine Vollmer ?
Elles sont encore toutes les deux en activité !
Mercedes Wilson, qui est guatémaltèque et a épousé un anglais, réside aux Etats-Unis où elle préside la Fondation Family of the Americas. Elle a écrit trois livres « Love and family : raising a traditional family in a secular world » « Ovulation method of birth regulation » et « Amor y Familia : formacion de nuestro hijos en adultos responsables ». Elle est très demandée en Inde et en Chine où elle se rend pour enseigner les méthodes naturelles.
Christine Vollmer, qui est mariée, mère de sept enfants, et habite entre Paris et Caracas, ne s’est pas contentée de fonder l’Alliance pour la Vie, elle a accepté de nombreuses responsabilités au sein de l’Église : co-fondatrice de l’Académie pontificale pour la Vie, membre du Conseil pontifical pour la Famille pendant quinze années, elle a fait partie de la délégation du Saint-Siège aux Nations Unies de 1990 à 1995. Enfin, passionnée d’éducation, elle est l’auteur d’une méthode de développement personnel pour les enfants, fondée sur l’apprentissage des valeurs et des vertus et a publié une collection de manuels scolaires traduite en plusieurs langues. Editions MAME « Grandir ensemble » Enseignement civique et moral.
Et la France dans tout cela ?
Bien que la direction de l’IOF soit aujourd’hui assurée par un groupe de catholiques américains principalement, ceux-ci ont à cœur d’interroger et d’inclure les leaders français à chaque étape, d’où d’ailleurs leurs visites au moins bisannuelles en France. Ils sont convaincus du rôle historique et irremplaçable des catholiques français dans la promotion des idées et de la place primordiale de la France en tant que « fille aînée de l’Église ».