Avec Gregor Puppinck, Femina Europa soutient la Marche pour la Vie.
Retrouvons Gregor Puppinck dans Valeurs Actuelles.
Le 19 janvier dernier a eu lieu la IXe Marche pour la Vie, alors que le Gouvernement français a décidé de transformer « l’exception d’avortement » dépénalisée en 1975 en véritable « droit à l’avortement » garantissant la liberté dont disposerait fondamentalement toute femme de mettre fin à sa grossesse. Dans cette logique, le gouvernement a décidé de sanctionner de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende « le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption de grossesse ou les actes préalables ». Cette nouvelle atteinte à la liberté d’expression, si elle est adoptée par le Parlement, rendra pénalement répréhensible le fait d’essayer d’aider une femme en détresse à conserver son enfant. Rappelons que jusqu’en 2001, c’est la publicité en faveur de l’avortement qui était interdite.
En agissant ainsi, le gouvernement met en œuvre une politique rétrograde et liberticide. Il n’a pas compris que l’avortement est un problème, et non pas une solution. Faire de l’avortement un droit intouchable ne solutionnera pas le problème des 220 000 IVG pratiquées chaque année en France. C’est ce que commencent à comprendre d’autres gouvernements européens qui adoptent une politique de prévention et de réduction de l’avortement, à tel point que l’on peut constater à présent un véritable progrès de la « culture de vie » en Europe.
Le progrès de la « culture de vie » est un progrès en humanité qui se réalise par un progrès des consciences quant à la nature de la vie prénatale et de l’avortement. Les progrès de la biologie contribuent à faire prendre conscience de l’existence concrète et de l’humanité de toute personne dès avant sa naissance. Quant à la violence inhumaine de l’acte d’avortement lui-même, l’idéologie qui a promu la libéralisation de l’avortement ne parvient plus à la dissimuler. Les médecins acceptent de moins en moins de le pratiquer.
La tentative du gouvernement français de « normaliser » l’avortement et d’en interdire la critique prouve que l’idée selon laquelle l’avortement serait un « progrès et une liberté » est en bout de course : plus personne n’y croit. Il ne reste plus à cette idéologie que la contrainte de la loi pour tenter de maintenir momentanément sa domination. Mais il ne fait plus de doute que cette conception de l’avortement est en train de dépérir ; elle fait parti du lot des idées trompeuses et démodées des années 1970.
Une nouvelle approche, réaliste et réellement progressive, commence à remplacer la politique de « l’avortement systématique ». Cette politique est en train de s’ébaucher en Europe et aux Etats-Unis où plusieurs Etats ont récemment discuté et souvent adopté de nouvelles lois améliorant la protection de la vie humaine. C’est le cas non seulement de l’Espagne, mais aussi du Royaume-Uni, de la Russie, la Pologne, la Suisse, la Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, la Turquie, la Macédoine ou encore de la Norvège qui vient d’abaisser le délai légal de l’avortement. L’actuel gouvernement français, en voulant sacraliser l’avortement comme liberté intouchable, va donc à rebours d’une tendance de fond en Europe, comme en témoigne d’ailleurs aussi le rejet par le Parlement européen du projet de rapport « Estrela » en décembre 2013.
Cette nouvelle politique, à laquelle la France fait malheureusement exception, ne vise pas seulement à améliorer la protection de la vie des enfants à naître. Elle vise aussi à soutenir les femmes enceintes et à briser leur solitude face à une grossesse inattendue, à responsabiliser les adultes, à soutenir les familles, ainsi qu’à soutenir la démographie et l’économie. Cette politique ne prétend pas supprimer tous les avortements, mais souhaite en réduire le nombre aux seuls cas exceptionnels liés à la santé de la mère.
La société civile doit continuer à soutenir et encourager cette nouvelle politique pour qu’elle soit accompagnée d’un changement culturel. A la prise de conscience de l’humanité de la vie prénatale et de la violence de l’avortement doit à présent s’ajouter celle de la responsabilité de toute la société pour protéger et accueillir la vie. La société et les gouvernements devraient s’engager dans des politiques concrètes et efficaces de prévention de l’avortement, en favorisant l’acceptation et l’accueil de la vie. Il s’agit de promouvoir une culture de respect de la vie des enfants et de responsabilité des adultes et de la société : une société moins égoïste et moins individualiste.
La responsabilité de l’accueil de la vie ne devrait pas peser seulement sur la mère, mais aussi sur le père, et plus largement sur la société entière dont la vitalité est assurée par le renouvellement des générations. L’immense majorité des avortements est causée par des difficultés d’ordre socio-économiques, liées notamment aux ressources financières, au logement, ou à l’emploi. Plutôt que d’encourager l’avortement comme principale solution à ces difficultés, surtout en période de crise, la société et les gouvernements devraient assumer leurs responsabilité et obligations sociales et économiques ainsi qu’accorder une réelle protection et assistance à la famille et aux mères « pendant une période de temps raisonnable avant et après la naissance des enfants » comme l’exige notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (art. 10). L’avortement est une violence, ce n’est pas une vraie liberté, ni la solution aux difficultés sociales de la mère.
La vraie réponse au drame de l’avortement est culturelle et politique, alors Marchons !
Gregor Puppinck
Directeur du Centre Européen pour le Droit et la Justice, Strasbourg.