Billet de Bénédicte et Nadal : « Nous les femmes »
« La tentation de l’adultère », « S’habiller pour plaire aux hommes (ou faire envie aux filles) », « Spécial sexe », etc…
Voilà quelques titres de la presse féminine à grand tirage des derniers mois.
Ces articles sont souvent drôles et divertissants. Ils peuvent être lus au premier ou à l’énième degré. Mais ils sont révélateurs d’une certaine demande voire d’une inquiétude chez les femmes puisque ce sont ces articles qui font augmenter les ventes des magasines féminins. Comment demeurer jeune (et belle) ? Comment être toujours désirable (et avoir une sexualité performante) ? A quelle image de la femme, ces questions renvoientelles ? Tous les combats féminins n’auraient-ils pas rendu la femme plus libre ? Serait-on tentée d’être, de rester (un peu) femme objet ? Serait-on encore à se demander si la valorisation passe uniquement par sa jeunesse, son sex-appeal et sa « glamourous attitude » ? Et pourquoi ce besoin de plaire ? Et de cette façon ? Est-ce pour plaire aux hommes ? Pour se rassurer ? Pour avoir confiance en soi ? Difficile de répondre. A travers certaines grandes figures de femmes décrites par Anselm Grün et Linda Jarosch dans « La féminité dans tous ses états » (ed. Médiaspaul) nous vous invitons sur une piste de réflexion sur notre féminité. Ces figures sont données pour aider les femmes à découvrir leur nature spécifique, pour parvenir à leur propre plénitude et guérir de blessures ayant pour origine de fausses représentations. Ainsi,
1. AGAR : la femme abandonnée
Servante d’Abraham, elle lui donne un fils, Ismaël ; elle est dédaignée par Sara la femme d’Abraham. Agar est humiliée mais elle prend conscience qu’elle a une dignité inaliénable (malgré la rudesse de Sara) et qu’elle possède ses propres ressources. Ainsi, face à l’abandon par un homme par exemple, les femmes doivent retrouver en elles cette source intarissable, sans se torturer constamment pour savoir en quoi elles pourraient être coupables.
2. Eve : La mère
(Genèse livre 3) La Bible dit qu’elle est la mère de tous les vivants. Etre mère –même sans enfant- (par exemple en secourant les autres, en les aidant à guérir et progresser…) demeure un élément constitutif de la nature féminine et une expérience de vitalité qui s’exprime diversement en chaque femme. La mère est celle qui communique à son enfant une confiance totale. La maternité implique une totale acceptation de la vie et du monde. « Il est bon que tu vives dans ce monde. » Dans la société actuelle, la performance et la carrière sont hautement prisées. Les femmes qui réussissent professionnellement sont reconnues. En revanche, nul ne parle du succès ou de la carrière des femmes qui ont mis au monde des enfants et leur ont transmis des valeurs, ont promu leurs capacités et ont fait d’eux des êtres capables d’amour. L’estime de soi chez les mères de familles peut ainsi s’en trouver diminué. Or « précisément dans une société où l’on juge les personnes sur leur efficacité, la maternité demeurera toujours une nécessité. C’est par elle que les êtres humains se sentent sécurisés et acceptés, sans être contraints de faire quoi que ce soit à cet effet. » Eve est une admirable image de la femme. En elle, les femmes modernes découvrent leur dignité de mère. Il ne s’agit pas seulement de maternité biologique mais d’une attitude fondamentale envers la vie. Toute femme est maternelle quand elle assiste le faible et fait preuve de chaleur et d’attention. La dignité de la femme en tant que mère exprime le divin : la dimension maternelle, consolatrice, attentive et aimante de Dieu.
3. Marie-Madeleine : l’amoureuse passionnée
St Luc la mentionnera comme la première des femmes qui accompagnent Jésus sur la route. Jésus l’a libérée des démons (Luc 8,2) Il l’a fait accéder à sa véritable capacité d’amour. St Jean présente Marie- Madeleine comme celle qui la première se lève de bon matin et court au tombeau. C’est la première à voir le Ressuscité (Jean 20-11) Dans ce passage de l’Evangile, on peut constater la force et l’intensité de l’amour de Marie-Madeleine pour Jésus. La figure de Marie- Madeleine exprime notre désir et notre force d’aimer. Chacune d’entre nous aspire profondément à être aimée et à aimer. Mais, pour être en mesure d’aimer vraiment quelqu’un, une femme a besoin en premier lieu de l’amour d’elle-même. Cela implique de manifester un intérêt bienveillant envers notre personne et de nous traiter avec sollicitude.
4. Sara : la femme au sourire
Sara est l’épouse d’Abraham. Elle est stérile. Le Seigneur rend visite à Abraham et leur promet un fils à Sara et lui, alors qu’ils sont très avancés en âge. Sara en entendant cela, rit. Elle en est gênée car Dieu l’a entendue rire ! (Genèse 18-15) Le rire est un sentiment positif d’exister. Le rire de Sara n’est pas seulement un rire d’incrédulité mais un rire prodigué par Dieu : un rire de joie et d’espoir. Quand les femmes se trouvent dans une situation pénible, elles oublient la femme au sourire qui est en elles. Or, rire peut être une façon particulière de s’élever audessus des choses ou des personnes qui voudraient avoir de l’emprise sur elles, et de sentir une supériorité intérieure. Le rire bienfaisant est celui qui permet de se dire : « c’est à moi de choisir comment réagir face aux situations et aux personnes. Ainsi, ressentir de la colère à l’encontre de quelqu’un : il me revient de décider si je veux m’acharner ou m’en libérer avec humour. » Dans l’image de Sara, nous redécouvrons la femme au sourire qui est en nous en puisant en nous-même notre joie de vivre. Les quelques figures féminines choisies parmi celles évoquées par A. Grün et L. Jarosch représentent des images et des expériences que toute femme porte en elle. Nous ne vivons pas toujours simultanément ces images ; parfois, nous n’en exprimons qu’un seul aspect. Notre féminité est diverse et nos forces nous sont prodiguées pour que nous les mettions en oeuvre et que nous y trouvions de la joie. A. Grün dit à la fin du livre :
Puissent-elles (les femmes) faire cette tâche excitante qui consiste à épanouir en permanence leurs potentialités, en vue de combler le monde de valeurs féminines, en le rendant ainsi plus humain, plus diversifié, plus chaleureux et plus généreux.
Bénédicte Mordacq et Nadal Vellutini