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Quel rôle pour la femme dans le monde du travail? Réflexions par AG..

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   Le travail de la femme est-il reconnu à sa juste valeur ? Le travail de la femme apporte t-il un plus à la société ? La femme a-t-elle un rôle spécifique à jouer ?

J’ai eu la chance de participer à Rome en décembre à un séminaire de réflexion sur ces thématiques. Il s’agissait de célébrer l’anniversaire de la fameuse Lettre aux femmes de Jean Paul II écrite il y a vingt ans et dans laquelle le saint pape remercie les femmes pour leur contribution « Merci à toi, femme-au-travail, […] pour ta contribution irremplaçable […] à l’édification de structures économiques et politiques humainement plus riches ». Saint Jean-Paul II parle même de génie féminin.

 

En préambule, le travail, même s’il implique fatigue et efforts, permet à la personne de s’épanouir, de se réaliser, il « rend l’homme plus homme, et la femme, plus femme »… comme disait le saint pape Jean Paul II.

Le travail est donc un accomplissement de la personne humaine. Si le travail est un accomplissement, c’est que nous sommes chargés d’ »achever la création » comme disait saint Paul. Nous ne sommes plus dans le domaine du faire mais dans le domaine de l’être. Le travail, quel qu’il soit, a un sens, une valeur, une dignité intrinsèques du fait qu’il participe à la sanctification de l’homme.

Or, quand nous pensons travail, nous pensons automatiquement salaire et valeur marchande. Comment quitter ce schéma pour entrer dans le domaine de l’être ? C’est la question…

J’ai eu la chance de participer à Rome en décembre à un séminaire de réflexion sur ces thématiques.   Il s’agissait de célébrer l’anniversaire de la fameuse Lettre aux femmes de Jean Paul II écrite il y a vingt ans et dans laquelle le saint pape remercie les femmes pour leur contribution « Merci à toi, femme-au-travail, […] pour ta contribution irremplaçable […] à l’édification de structures économiques et politiques humainement plus riches ». Saint Jean-Paul II parle même de génie féminin.

Dans son encyclique Pacem in Terris Jean XXIII avait déjà évoqué les droits des femmes:

«  Tout homme a droit à la liberté dans le choix de son état de vie. Il a par conséquent le droit de fonder un foyer, où l’époux et l’épouse interviennent à égalité de droits et de devoirs».

« …et, s’il s’agit de femmes, le droit à des conditions de travail en harmonie avec les exigences de leur sexe et leurs devoirs d’épouses et de mères».

«Une seconde constatation s’impose à tout observateur: l’entrée de la femme dans la vie publique, plus rapide peut-être dans les peuples de la civilisation chrétienne (…). De plus en plus consciente de sa dignité humaine, la femme n’admet plus d’être considérée comme un instrument; elle exige qu’on la traite comme une personne aussi bien au foyer que dans la vie publique.»

S’adressant à des femmes catholiques à Rome, il dit encore : «Chères filles, vos responsabilités sont grandes dans le monde d’aujourd’hui, qui attend de vous la lumière de votre foi, l’ardeur de votre espérance et le zèle de votre charité…. pour faire passer dans l’humble vie de tous les jours le message de Jésus-Christ, exercer une influence chrétienne dans vos milieux de travail, aider l’information des adultes…affirmer enfin dans les grands organismes internationaux l’enseignement de l’Eglise, c’est là un programme de rénovation spirituelle bien digne de vos énergies et capable avec la grâce de Dieu de changer la face d’un monde que vous recouvrez du réseau serré de vos amitiés agissantes. Courage…»  3 Mai 1961, Congrès de l’Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques.

Au début de « Mulieris Dignitatem », la lettre apostolique écrite par Jean-Paul II à l’occasion de l’année mariale en 1988 sur la dignité et la vocation  de la femme, le Saint-Père reprend la splendide phrase du Message final du Concile Vatican II :

« L’heure vient, l’heure est venue où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici. C’est pourquoi, en ce moment où l’humanité connaît une si profonde mutation, les femmes imprégnées de l’esprit de l’Evangile peuvent tant pour aider l’humanité à ne pas déchoir». Jean-Paul II jette les bases d’une véritable « théologie de la femme » qui confie l’humanité à la femme.

Tout cela est très beau mais concrètement c’est moins facile : la situation des femmes en Europe n’est pas si bonne : souvent frustrées et culpabilisées, sans temps personnel pour elles – mêmes, tiraillées entre travail et vie familiale, discriminées du fait de leur maternité, soumises à un travail précaire et donc à une petite retraite. Si la femme est maintenant reconnue comme une citoyenne égale à l’homme, du moins dans les pays aux racines chrétiennes,  l’Etat ne reconnaît plus que le travail salarié, en oubliant tout le travail gratuit et non-marchand effectué par la famille et donc par la femme au sein de la famille.

Il faut faire un peu d’histoire pour comprendre comment on est arrivé à cette dévalorisation insupportable et étouffante de tout le travail d’éducation, de transmission et de socialisation effectué par les femmes.

Déjà il faudrait supprimer cette idée fausse que le travail des femmes est récent, parce que les femmes ont toujours travaillé ! Le travail de la femme n’est pas une nouveauté !

Le travail a changé.

Mais c’est le travail qui a évolué ! En effet il y a toujours eu du travail à faire pour organiser la vie en société, et les femmes ont toujours pris leur part avec les hommes que ce soit aux champs, à l’atelier ou à la maison.

Le travail de la femme n’est pas récent, ce qui est récent, c’est la prédominance du travail salarié sur le travail non marchand, effectué gratuitement, dont la valeur n’est plus reconnue par les économistes.

Ce qui a changé également c’est la séparation entre le travail et la famille, car à l’époque de l’artisanat et de l’agriculture, le travail se faisait sur le lieu de vie de la famille. On travaillait en famille le cuir, le fer, le bois, l’or, la laine, la paille et on se transmettait le savoir-faire de génération en génération.

Les femmes avaient quelquefois des tâches spécifiques, sage-femme, blanchisseuse, basse-cour, dentelière … les hommes aussi avaient des tâches spécifiques, forgeron, boulanger, barbier, charpentier, mais le travail s’exécutait à la maison dans le cadre familial et souvent aussi dans la complémentarité.

L’enfant apprenait en regardant et en imitant, le savoir-faire se transmettait de génération en génération.

Quand l’industrie est apparue l’artisanat a disparu progressivement, les femmes sont devenues ouvrières comme les hommes, elles ont quitté le foyer pour l’usine. Elles avaient l’assurance d’une paie régulière mais en contre-partie elles ont perdu leur autonomie et leurs compétences. Les changements dans les conditions du travail ont eu des répercussions majeures sur la vie de famille. Le travail en usine était effectué de manière répétitive et anonyme, fragmenté de sorte que l’on ne peut plus admirer le résultat. Cette fragmentation a fait que le travailleur ne voit plus le fruit de son travail, il devient lui-même un élément que l’on peut changer et surtout il perd la responsabilité de son travail et la fierté qui va avec. Le travail est devenu anonyme en quelque sorte, et la famille a perdu le monopole de la transmission des valeurs et de la connaissance.

Le statut de la femme change selon les époques.

Petit à petit la femme perd son statut, son identité de femme, l’ouvrière étant considérée selon la valeur du travail de ses bras seulement. Elle est tronquée, soumise à des patrons cupides et indifférents qui la plupart n’avaient aucune relation avec leurs ouvriers.

Des patrons chrétiens comme Albert de Mun et Léon Harmel en France réagissent et commencent un travail de réflexion avec le Pape de l’époque, Léon XIII, qui publie l’encyclique Rerum Novarum en 1891. Ce qu’on appelle maintenant la doctrine sociale de l’Eglise est un ensemble de textes établissant des lignes directives concernant les conditions du travail à tous les niveaux et sur tous les plans, pour que soit respectée la personne dans son intégralité, et particulièrement la femme dans ses besoins spécifiques, et qu’elle puisse s’épanouir dans la société.

Progressivement les mouvements de libération de la femme ont rétabli les droits qu’elles avaient perdus aussi en cours de route depuis le code napoléonien. Avec le code napoléonien la femme était redevenue une mineure, dépendante de son père ou de son mari comme à l’époque romaine.

A partir du XVIème siècle avec la mode de l’Antiquité – rappelons qu’à l’époque romaine le statut de la femme était nul -,  le statut de la femme décline et finalement la Révolution porte le coup de grâce à la femme qui perd tous les droits acquis petit à petit grâce au christianisme !

Contrairement à une idée répandue, le christianisme a libéré la femme, c’est le Christ qui a donné un statut à la femme et qui lui a permis de retrouver sa dignité de personne et non d’objet.

Et contrairement à une autre idée répandue c’est pendant le Moyen-Age que la femme a déployé ses talents : sans parler des célèbres saintes Geneviève ou Clothilde qui eurent une influence considérable, c’est une femme chrétienne la reine Bathilde de Neustrie qui la première a interdit l’esclavage vers l’an 650, une autre femme Fabiola romaine convertie au christianisme qui fonda le premier hôpital au IVème siècle et une femme Hersent qui fut médecin du roi de France Saint Louis et une autre femme Duohdat qui écrit au 9ème siècle le premier traité connu d’éducation ; au Moyen Age, les femmes étaient partout elles commerçaient, voyageaient et dirigeaient les affaires de la cité aussi bien que celles de leur maison.

Revenons donc à l’époque moderne et à la condition de la femme : le mari jusqu’en 1907 disposait du salaire de sa femme. Les femmes n’ont eu le droit d’avoir un compte en banque à leur propre nom qu’en 1965 !

Au Moyen-Age les femmes n’avaient pas ces problèmes ! Elles n’étaient pas considérées comme des éternelles mineures et pouvaient hériter et gérer leurs biens. Un petit historique de la condition de la femme par rapport au travail était donc nécessaire pour tordre le cou à certains clichés qui veulent que la femme du XXIème siècle soit au sommet de la courbe du respect.

Non, à certaines époques, la condition de la femme a été meilleure que maintenant.

Pour preuve la plus grave menace qui pèse actuellement sur les femmes : la maternité pour autrui, la GPA la gestation pour autrui (gestation… comme si nous étions seulement des mammifères) cette transaction qui fait que le ventre de la femme est à louer,  comme ses bras autrefois, pour fabriquer un enfant que des adultes vont acheter comme un objet. Ce commerce s’appelle le trafic des êtres humains. C’est le retour de l’esclavage. Il est interdit par la loi mais de plus en plus toléré et même accepté par les Etats. Comment peut-on d’un côté fêter l’abolition de l’esclavage et de l’autre mettre en place un service d’achats d’enfants qui ne connaîtront jamais leurs vrais parents. Comment peut-on appeler cela un travail ? Comment peut-on ainsi profiter de la pauvreté d’une femme ?

La famille et le travail sont des valeurs fondamentales qui ne devraient pas être en conflit.

Je voudrais prendre un exemple : les parents de sainte Thérèse de Lisieux Louis et Zélie qui viennent d’être canonisés. Ils ont été canonisés ensemble et c’était deux travailleurs, lui était horloger, elle était dentelière. Il faut savoir que c’est lui qui a arrêté son travail pour aider sa femme qui dirigeait une véritable petite entreprise avec plusieurs employées. C’est un exemple de travail familial, artisanal, qui nécessitait un apprentissage, et cet apprentissage se faisait naturellement par la pratique. Il n’y avait pas de diplôme ! L’objectif était de réaliser quelque chose de beau, c’était un art, mais aussi un art de vivre ! L’entreprise fonctionnait comme une famille, la maman de Thérèse s’occupait de ses employées comme une mère, elle veillait à leur équilibre. Cette femme Zélie Martin, mère de famille nombreuse née en 1858 au 19ème siècle, a donc mis toutes ses qualités de femme au service de son travail sans négliger sa propre famille. Son mari n’a pas hésité à arrêter son activité pour l’aider, c’est en même temps un exemple de complémentarité entre l’homme et la femme !

La femme a-t-elle une spécificité par rapport au travail ? Oui, par sa capacité naturelle pour la relation et l’unité. C’est à la femme qu’on a confié la personne humaine. Les corps de l’homme et de la femme sont différents et la relation de l’homme et de la femme au corps est différente. La femme a une disposition radicale à la maternité, un potentiel à accueillir une autre personne en elle, elle mobilise toute sa personne et favorise l’unité. Elle voit la personne comme un tout dès le départ.

Il y a donc chez la femme du fait de son corps fait pour la maternité, une disposition pour l’accueil de l’autre et le don de soi-même, c’est-à-dire pour la relation en fait. Cela est vrai pour toutes les femmes même celles qui n’ont pas porté d’enfant, c’est une intégration du corps spirituel et physique. Car la femme du fait de sa capacité à être mère sait que ce qui se développe en elle, est une personne, ce n’est pas que chair, c’est un autre, avec un esprit unique. Son enfant vit en elle ! Il bouge ! Elle le ressent, elle le vit !

La femme peut donc inverser la tendance et lutter contre l’hégémonie de l’efficacité, l’utilité et du pouvoir qui prévaut dans le monde du travail et des rapports humains.   Le travail est fait pour l’homme et non l’homme pour le travail, le travail bien fait, bien « conçu » doit épanouir l’homme et pour cela respecter l’homme tel qu’il est et non l’utiliser ou le manipuler.

En résumé : le travail gratuit donne tout son sens au travail en général. Les femmes ont la mission de dire l’importance du travail gratuit dont la plus belle expression est la maternité.

La maternité est une clé de lecture pour aider les hommes à comprendre que le travail est une question d’être. Car la maternité est le travail de la femme. On dit de la femme qui accouche qu’elle est en travail. La maternité qui est l’acte gratuit de donner la vie, nous indique bien le vrai sens du travail, sa finalité. Le travail, le faire, serait un moyen d’atteindre l’objectif qui est d’être. La maternité devrait être considérée comme le travail par excellence, co-créateur.

Le cardinal Rylko dans son introduction au séminaire, a rappelé le lien entre le travail de l’homme et l’Eucharistie. Si le travail de la femme est de donner la vie sur la terre, pourquoi ne pas relier ce travail à celui commencé par Marie avec l’Incarnation puis achevé par le Christ en Croix. Souvenons-nous des dernières paroles du Seigneur sur la Croix « Tout est accompli ». Le Christ avait fini son travail, il avait tout donné gratuitement par amour, il avait engendré l’homme nouveau à la vie éternelle.

 

 

En conclusion, ce n’est pas assez de donner la vie pour la femme chrétienne encore faut-il donner la vie spirituelle… Le travail de maternité que nous demande Dieu c’est d’engendrer des fils et des filles de Dieu, car la maternité physique est seulement un signe de l’engendrement spirituel qui est notre mission, notre travail sur terre.

C’est pourquoi les femmes consacrées dans la virginité anticipent le royaume par le don total de leur personne, oblation parfaite et féconde qui plaît à Dieu. Notre travail de femme n’est donc pas limité à notre bulletin de paie…

Mais au soir de notre vie, si nous avons bien travaillé, gratuitement ou pas, avec amour, nous pourrons dire avec le Christ « Tout est accompli ».

 

 

Musique: Activités de la femme dans la maison in « L’offrande du soir » des Frères Martineau.

 

 

 

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