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Rencontre avec le Cardinal Burke: entretien et soutien à Femina Europa

 

Son Eminence le Cardinal Raymond Leo Burke était à Paris pour  la sortie de son  livre d’entretiens  avec Guillaume d’Alançon.  «  Entretiens avec le Cardinal Burke » Un cardinal au cœur de l’Eglise. Editions Artège.

Il y livre avec franchise et sans tabou ses idées sur les grandes questions d’aujourd’hui : l’Eglise, la liturgie, la famille, le mariage, la filiation, le respect de la vie…sans polémique et avec efficacité.


La Présidente de Femina Europa a eu l’honneur d’être reçue par son Eminence à la Nonciature. Le cardinal a exprimé son soutien à l’action de Femina Europa  et a accordé sa  bénédiction aux membres de l’association.

 

 

 

 

 

 

 

Merci, Eminence, de nous recevoir ici à la Nonciature à Paris, à l’occasion de la sortie de votre livre  qui aborde beaucoup des questions traitées par le Synode de la Famille en cours à Rome.

Eminence, vous êtes américain, vous avez été ordonné prêtre par le Saint Pape Paul VI,  nommé évêque par  Saint Jean-Paul II cardinal par Benoît XVI puis préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique.

Vous êtes un grand juriste de l’Eglise, que pensez-vous de l’évolution des droits de l’homme à l’heure actuelle?

Cardinal Burke : Il y a beaucoup de discours sur les droits de l’homme mais les violations des droits de l’homme sont plus féroces que jamais. Je pense par exemple à l’horreur de l’avortement sur demande dans mon pays aux Etats-Unis où il y a plus d’un million d’avortements chaque année. Nous assistons à une augmentation toujours plus importante d’euthanasies, dans mon pays, mais aussi en Europe. Enfin nous sommes témoins de la persécution et du martyr de nombreux chrétiens au Moyen Orient. Alors je pense que nous devons de nouveau enraciner le discours sur les droits de l’homme dans la loi morale naturelle que le Seigneur a inscrite dans chaque cœur humain. Je suis également très préoccupé par un nouveau discours sur les droits humains enracinés dans la loi morale.

Anne Girault. En effet, le Pape François vient de rappeler que la loi naturelle est inscrite dans les cœurs aux rencontres mondiales de la famille à Philadelphie et à la tribune de l’ONU L’Eglise a apporté sa contribution aux droits de l’homme,  à toutes ces valeurs d’égalité, de dignité de l’homme qui sont maintenant mal comprises, détournées de leur sens, c’est étonnant  de constater le malentendu qui existe à l’heure actuelle entre l’Eglise et la culture contemporaine…

CB. La difficulté est que la culture contemporaine agit comme si Dieu n’existait pas. La culture devrait reconnaître la vérité que l’homme même, la nature même, a son origine en Dieu, dans sa création, et que le fils de Dieu incarné a rétabli la beauté, la vérité de la nature  comme le Seigneur l’a créée à l’origine.

AG. Si l’homme oublie cette filiation divine il perd le sens de sa vie ?

CB. Oui, vraiment, nous avons reçu le don de la vie du Seigneur. Nous sommes les fils de Dieu. Parler d’une filiation artificielle, par notre création propre,  notre technologie est une chose très grave.

AG. Vous dites dans votre livre que les chrétiens devraient mieux connaitre leur catéchisme. Les médias, eux,  disent souvent que l’Eglise devrait attirer plus les gens en assouplissant la doctrine mais vous vous dites qu’il faut au contraire que les chrétiens connaissent mieux la doctrine pour pouvoir en témoigner et de cette manière faire comprendre la beauté de la doctrine, savoir recevoir la grâce donnée par le Seigneur?

CB. Oui, précisément il y a des décennies que la catéchèse est faible et quelquefois vide et nous avons maintenant des générations de catholiques qui sont religieusement analphabètes, ignorants. Le monde a soif de la vérité, d’écouter de nouveau la vérité du Christ. Nous devons nous préparer à annoncer cette vérité, pour la survie du monde,  par l’étude des textes du magistère, de la Sainte Liturgie, de la loi morale: toutes ces richesses de la foi catholique développées au long des siècles. C’est ainsi que  nous porterons la culture aux périphéries comme le pape François aime dire, ce dont les périphéries ont tant besoin.

AG. Par rapport à l’engagement des chrétiens en politique vous évoquez le développement. L’Eglise donne beaucoup pour le développement humain en tant qu’éducatrice, mais aussi dans tous les domaines. Il  y a énormément d’associations catholiques qui font un magnifique travail caritatif mais souvent ces associations  ne parlent pas de la dimension spirituelle et de la source de leur travail.

CB. Oui, c’est une situation très préoccupante par exemple actuellement  dans mon pays où l’Eglise a fait un service d’éducation, des œuvres charitables, des œuvres de sainteté, magnifiques,  excellentes, avec l’amour du Christ, le gouvernement veut imposer à ces institutions l’obligation d’agir contre la conscience.  L’Eglise risque de se trouver dans l’impossibilité de continuer une œuvre qui a son origine dans le Christ et qui permet aux chrétiens de mettre en pratique la charité, avec leur cœur.

AG. On arrive à un moment où il devient presqu’interdit de discerner entre le bien et le mal. Les parents qui veulent éduquer leurs enfants s’ils disent à leur enfant ça c’est bien, ça c’est mal, cela devient un « hate speech » , un discours de haine, et ce discours de haine peut conduire les gens en prison. Cela peut devenir aussi pour l’Eglise un problème puisque l’Eglise dit par exemple que le comportement homosexuel n’est pas bon pour l’homme.

CB. C’est la tyrannie du relativisme qui veut imposer aux familles et à chaque homme l’impossibilité de discerner entre le bien et le mal. Au contraire, on déclare que le mal est le bien et vice versa. Dans ce sens aussi dans l’Eglise quelqu’un qui dit « nous ne pouvons pas annoncer l’enseignement du Christ sur le mariage car cela risque de faire offense à la culture populaire », c’est absurde.  Je conseille beaucoup aux parents d’être attentifs aux écoles où ils envoient leurs enfants parce que j’ai vu plusieurs fois que la bonne éducation que les parents inculquent aux enfants à la maison était démolie à l’école par un enseignement exactement contraire qui corrompt et détruit la bonne éducation chrétienne reçue à la maison.

AG.  Qu’est ce que l’Eglise a à apporter maintenant au monde?

CB. Le don le plus précieux que nous pouvons  offrir est d’être de vrais chrétiens, de connaitre notre identité chrétienne dans son intégrité, de donner au monde le témoignage du don de la foi catholique que nous avons reçue du Seigneur. Pour nous, vivre comme chrétiens, c’est la charité, c’est le signe d’amour que nous voulons montrer à chaque homme croyant ou non croyant.

AG. Comme il est indiqué dans le texte de l’ Instrumentum laboris du Synode  l’Eglise va au delà de la compassion :  elle dit la vérité avec amour, c’est cela la définition de la miséricorde?

CB. Oui exactement on fait la confusion entre compassion et sentimentalisme. Le sentimentalisme est une compassion fausse qui prétend que tout va bien, tandis que la vraie compassion est une chose dure, dans un certain sens, et exigeante car elle nécessite de dire la vérité mais avec toute la compréhension de la personne et aussi la patience qui permette à la personne de conformer sa vie à la vérité dans son contexte.

AG. Il faut savoir attirer les personnes à la vérité avec amour?

CB. Oui

AG. J’aimerais bien que nous abordions le sujet de la discrimination parce que souvent ce mot est utilisé comme une arme pour nous faire accepter une égalité qui n’est pas bonne.  Il y a 2 définitions de la discrimination: traiter différemment des choses différentes, ou bien être injuste. L’Eglise garde ce concept qu’effectivement la discrimination c’est de traiter de manière différente des choses
différentes, mais maintenant le public pense systématiquement que la discrimination est injuste, tandis que l’Eglise soutient qu’il existe une juste discrimination. Par exemple dans le cas des personnes homosexuelles, parce qu’il faut traiter différemment des situations différentes.  Qu’en pensez vous?

CB. C’est le résultat d’une confusion entre la personne et ses actes. Nous aimons notre prochain de tout notre cœur. Nous devons faire la discrimination entre les actes bons et les actes mauvais.  Nous avons toujours dit dans l’Eglise:  » il faut aimer le pêcheur mais haïr le péché ». C’est ainsi que nous sommes vraiment charitables envers notre prochain. Mais maintenant si dire qu’un acte homosexuel est intrinsèquement mauvais, c’est commettre un acte de haine,  ça n’est pas vrai…

AG. Vous avez évoqué dans le livre d’entretiens avec  Guillaume d’Alençon, le couple Louis et Zelie Martin.  Vous avez parlé de la sainteté de la famille. Pouvez-vous nous en dire plus sur la spiritualité de Louis et Zelie Martin et sur la complémentarité entre l’homme et la femme?

CB. On voit dans ce couple saint la manifestation avant tout de l’unité du mariage. Un amour exclusif pour un autre la donation totale de vie à l’épouse qui en même temps devient ouverture au monde entier  et spécialement à la vie nouvelle, la procréation. Et en même temps cet amour est participation à l’amour divin. Le Seigneur a dit à la création : « Faisons l’homme à notre image » alors participons à l’amour de Dieu qui est fidèle, indissoluble, qui dure pour toujours et procréatif. Nous observons dans la vie de Louis et Zélie Martin cet amour d’une manière splendide. Pourtant  leur vie ne fut  pas facile, avec des avortements spontanés,  des enfants morts en bas-âge,  la maladie de Zélie et sa mort…Et la petite fleur sainte Thérèse a du aussi vaincre ses faiblesses.

AG. Certains voudraient ajouter un pilier au mariage catholique, dans les conditions du mariage, demander à ce que les fiancés aient la foi et croient en la doctrine de l’Eglise avant de se marier. Qu’en pensez-vous ?

CB. C’est important spécialement quand on considère la déficience de la catéchèse.  Il est très important que  les jeunes gens qui se préparent au mariage aient une catéchèse sur les vérités fondamentales de notre foi car c’est essentiel pour la vie du mariage lui-même, pour croître dans l’amour matrimonial. Il faut une catéchèse spécifique sur la nature du mariage et sur les qualités essentielles de la morale matrimoniale, la fidélité et l’indissolubilité, l’ouverture à la procréation et la liberté.

AG. Je suis dans une association de femmes catholiques dans laquelle nous réfléchissons  à la présence des femmes dans l’Eglise, pour que cette présence soit meilleure, plus visible, pour que l’identité intégrale de la femme soit bien reconnue.  Comment pourrions-nous améliorer  la présence féminine ?

CB. D’abord, la femme dans la famille: par expérience ma mère a eu une influence très forte dans ma famille. Mon éducation pendant mes huit premières années d’école a été faite entièrement par des religieuses qui étaient vraiment des femmes exemplaires. Ensuite nous avons également toutes ces femmes qui dirigent des hôpitaux, des écoles, des universités. On doit continuer à développer l’apostolat des femmes dans l’Eglise, dans le monde. J’insiste beaucoup sur la présence vitale de la femme dans le foyer, dans la maison. Ainsi les enfants peuvent comprendre leur identité. Tout homme, toute femme,  a besoin d’expérimenter  l’amour paternel et l’amour maternel. Pour cette raison je suis parfaitement opposé à l’idée que deux personnes du même sexe puissent avoir la possibilité d’adopter des enfants parce que les enfants n’auront pas la possibilité de croître naturellement dans une telle ambiance.

AG. Donc la famille doit être basée sur les qualités de l’homme et les qualités de la femme ?

CB. Certainement.  Le plan de Dieu, comme l’a dit notre Seigneur, était ainsi au commencement.

Mes compliments pour votre apostolat. Que Dieu bénisse votre association et tous ses membres.

AG. Merci Eminence

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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