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Gender: fantasme de réac ou songe totalitaire? par Drieu Godefridi dans le Figarovox.

Pour ceux qui n’en ont pas encore entendu parler, ou n’y croient pas encore...

 

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FIGAROVOX/ESSAIS : Le juriste et philosophe Drieu Godefridi, dans un court essai, La loi du genre s’attache à décrypter l’idéologie du genre. Selon lui, elle s’impose à la société par voie technocratique et supranationale

Le «djendeur». C’est ainsi que les esprits forts appellent la théorie du genre pour se moquer de ceux qui s’en inquiètent. Pour eux la théorie du genre n’existe pas et ceux qui prétendent la dénoncer ne savent pas de quoi ils parlent. Ils n’ont rien à craindre: le genre est un simple outil au service de l’égalité. Fermez le ban!

Le juriste et philosophe Drieu Godefridi, dans un court essai, La loi du genre, à l’argumentation rigoureuse et implacable, s’applique à démontrer le contraire. Oui la «théorie du genre» existe. Oui, il y a bien, derrière les discours progressistes consensuels, une volonté idéologique de déconstruire la société.

Certes, les études de genre, qui existent depuis bien longtemps, ont leur pertinence. L’étude de «la relativité des catégories du masculin et du féminin» appartient évidemment au champ de la connaissance. Mais, souligne l’auteur, «bien vite, se dessina au cœur des études de genre un courant qui ne visait plus tant à connaître son objet, à le décrire et le comprendre, qu’à le transformer». Savoir-pouvoir, disait Foucault, maître de la papesse américaine du genre Judith Butler, qui soulignait les liens indissociables entre la théorie et l’ingénierie sociale.

«Do you have a vagina?

Godefridi divise cette idéologie du genre en deux branches. Dans sa branche «homosexualiste», celle théorisée par Butler dans Trouble dans le genre, elle se développe avec pour objectif affiché de «destituer l’hétéronormativité». Il s’agit d’en finir avec la polarisation universelle du genre humain en deux sexes, jugée artificielle, arbitraire et stigmatisante, au profit, d’une «transidentité» floue («queer»), ou au contraire d’étiquettes très précises quant à l’«orientation sexuelle» («gay» «lesbienne» «bi», etc.). Les deux pouvant, bien sûr, se combiner. «Do you have a vagina?» à cette question, Monique Wittig, disciple de Butler, répondit simplement: «non». Cet idéalisme forcené (Butler a fait sa thèse sur Hegel, maitre indépassable de l’idéalisme allemand) qui rompt avec le réalisme biologique, est aussi- paradoxe -un relativisme. En effet, si tout est culture, tout est langage, il n’existe aucune norme extérieure à la subjectivité de la personne.

Là où Butler veut détruire la division universelle de l’humanité en deux sexes soit la matrice hétérosexuelle- les féministes ont la plus modeste ambition de détruire la domination d’un sexe sur l’autre.

Les féministo-genristes, idiotes utiles de Butler

 

Là où Butler veut détruire la division universelle de l’humanité en deux sexes – soit la matrice hétérosexuelle- les féministes ont la plus modeste ambition de détruire la domination d’un sexe sur l’autre. Ainsi, dans sa version «féministe», le genre sert d’outil pour établir un continuum entre stéréotypes et violences faites aux femmes, devenu le fer de lance de la cause féministe. De «Madame la présidente» à l’Assemblée nationale au viol dans le métro, c’est une seule et même violence, celle du patriarcat, qui s’exerce sous des formes physiques ou symboliques. En gros, c’est parce que maman fait la vaisselle que papa se sent le droit de la frapper. C’est parce que les petites filles rêvent d’être des Princesses qu’il n’y a pas de femme présidente de la République.

La philosophe Sylviane Agacinski a elle bien vu cet écueil, critiquant cette «subversion du féminisme» que constitue l’adoption des thèses butleriennes par les féministes. «En s’engouffrant, à la suite de Butler, dans la négation de la biologie, les féministes du genre servent des étrangers à leur cause, qui est, en dernière analyse, la complète égalité matérielle des hommes et des femmes.» écrit Godefridi. «Les féministo-genristes sont les idiotes utiles du genre Butler» conclut l’auteur. L’échec de cette convergence des luttes trouve un aveu flagrant dans la revendication LGBT de la gestation pour autrui, véritable mise en esclavage du corps féminin, nié par un idéalisme qui refuse toute pertinence au biologique.

De plus, en plus d’être déresponsabilisant (c’est pas de ma faute, c’est la société) cette continuité entre préjugés et passage à la violence physique, n’a aucune validité scientifique, démontre l’auteur.

Toutes ces arguties pourraient rester confinées aux couloirs d’université ou aux meeting non-mixtes de militantes trostko-féministes, si la théorie du genre n’avait pas acquis une dimension « technocratique et supranationale », et n’était pas imposée par le haut, à coup de rapports et de résolutions par les institutions de l’Union européenne notamment

De la non-scientificité de la théorie du genre

D’ailleurs, une des intuitions passionnantes de cet essai est la confrontation de la «théorie du genre» au critère de scientificité de Karl Popper. Pour Karl Popper, ce qui distingue une théorie scientifique d’une théorie métaphysique (ou d’une idéologie) c’est sa possibilité d’être réfutée, ou falsifiée. Une théorie infalsifiable, c’est à dire non-scientifique, est une théorie qui résiste à la démonstration du contraire, et inclut cette réfutation comme faisant partie de la théorie. Exemple: si vous critiquez le marxisme, c’est que vous êtes un bourgeois. Si vous critiquez la psychanalyse, c’est que vous êtes névrosé. Si vous critiquez la théorie du genre, c’est bien la preuve que le monde est bien dirigé par la «caste hétérosexuelle» cherchant à maintenir son pouvoir par tous les moyens. Logique implacable et orwelienne, qui nie toute possibilité d’une critique en la renvoyant en ricanant aux fantasmes du «djendeur».

Toutes ces arguties pourraient rester confinées aux couloirs d’université ou aux meeting non-mixtes de militantes trostko-féministes, si la théorie du genre n’avait pas acquis une dimension «technocratique et supranationale», et n’était pas imposée par le haut, à coup de rapports et de résolutions par les institutions de l’Union européenne notamment. Ainsi, rappelle l’auteur, une convention du Conseil de l’Europe, adoptée en 2011 à Istanbul stipule que les Parties «prennent les mesures nécessaires (…) en vue d‘éradiquer les préjugés, les coutumes, les traditions, et toute autre pratique fondés sur (…) un rôle stéréotypé des femmes et des hommes.» Un programme d’ingénierie sociale, un «songe totalitaire» échappant à tout débat démocratique. Voilà ce qu’est l’implacable loi du genre.

 

La loi du genre, Drieu Godefridi, Les Belles Lettres, Août 2015

 

 

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